Historique de l'Arboretum
du Mas Roussillon

01.

Ruscino

Des fouilles archéologiques récentes ont mis en évidence,  la présence de civilisation sur le site de Ruscino,  entre Perpignan et Canet, vers 1250 ans avant J.-C.
Entre Ruscino et la mer, sur le plateau de la faille Nord Pyrénéenne, appelée aussi Nord Ibérique peu de traces de présence humaine anciennes sont à nos jours connues. Il faut attendre le XIème siècle pour découvrir le site archéologique de Vilarnau (1).
Vue générale domaine Mas Rousillon
02.

Château de Vilarnau

En 1013 le site apparaît pour la première fois sous le nom de Villa Arnal, puis fut connu sous ‘Castrum sur Vilarnaldo superiori (2)’.
Vilarnau est un ancien village qui n’existe plus aujourd’hui ; seules des ruines témoignent de son existence.
Le site de Vilarnau était divisé en deux: Vilarnau d’Avall et Vilarnau d’Amont, situés à seulement 500 mètres l’un de l’autre. Vilarnau d’Avall était le château tenu en fief  pour le Seigneur de Canet et Vilarnau d’Amont correspondait à l’église du village et à son cimetière. Le château se serait situé à l’ouest de l’actuel Mas Miraflors.
 
Un peu plus loin en direction de Canet-en-Roussillon, une construction importante, le Mas Garrius. vit le jour au début du XVII .
 
 
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03.

Mas Garrius

Historique des différents propriétaires  de l’actuel Mas Roussillon.

Le Mas Garrius  rayonnait  autrefois sur le promontoire de la Salanque. Ce mas a été appelé par la suite et encore aujourd’hui, le Mas Carcassonne.  En 1760, il fut vendu à Zacharie de Girard, un provençal d’origine. A la mort de ce dernier, le mas prit le nom de sa veuve ‘El mas de la Girarda’ et ceci jusqu’à la fin du XIXème siècle.

En 1860, Gabrielle de Girard, épouse Bruzy, céda pour des raisons inconnues, une partie du domaine (celle la plus éloignée du mas Carcassonne et en direction de Canet), à l’un de ses parents, Augustin de Magny.

Mas Garrius
04.

Mas de Magny

 Augustin de Magny descendant d’une famille d’origine écossaise,  émigrée en Bourgogne au XVème siècle, dressa lui-même les plans de l’actuelle bâtisse. Il fit construire ce mas à l’aplomb  de la faille au-dessus de la Salanque, dans laquelle il était devenu propriétaire de terres limoneuses riches.
Dans les terres basses, il cultivait des céréales, du fourrage pour les chevaux, des fruitiers et des légumes pour vivre. Dans la partie haute, sur une terre caillouteuse bien moins riche, il planta de la vigne.
Le mas par lui-même ressemble à un manoir rustique, tout en briques rouges, pas du tout classique pour la région, où les constructions sont faites de galets de rivière et de ‘Cairou’.
La propriété d’Augustin de Magny était beaucoup plus grande que ne l’est aujourd’hui l’Arboretum. La double voie reliant Perpignan à Canet a été partiellement construite sur le domaine et des terres aujourd’hui au sud de cette voie faisaient également partie du mas Magny.
 
En 1930 son fils Gabriel de Magny, à court d’argent vendit le mas à Joseph Fabre, distillateur à Claira.
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05.

Le Mas de Joseph Fabre

Quand Joseph Fabre acheta le domaine de Magny, il avait déjà fait fortune. En 1905, les époux Fabre Durand, dits les maîtres de la ‘Fabrica’, s’implantent à Claira. Joseph Fabre, surnommé ‘Poupoun’, qui possède une sérieuse expérience de distillateur, achète des terres au lieu-dit ‘Darre l’Esglesia’ pour commencer à développer sa distillerie.
Son affaire marche si bien, qu’il se permettait chaque année de faire embarquer son alambic à Argelès pour aller distiller en Algérie pour les colons.
Vers 1910 son exploitation est à son apogée avec un hangar immense, des bureaux et une longue rangée de cuves semi-enterrées. La ‘Fabrica’ tournait alors à plein régime, il fit  alors construire des magasins de stockage, des maisons pour les ouvriers, des écuries et enfin en 1916 une maison de Maître. L’entreprise comptait des dizaines d’hommes et de femmes qui pourvoyaient aux mille tâches de l’entreprise.
Mais après des années de gloire, l’instauration du monopole des alcools par l’Etat rendirent rapidement la ‘Fabrica’ obsolète. Joseph Fabre qui avait senti le vent venir avait eu le temps de faire fortune et d’acheter le mas Magny, il décéda en 1947 à Claira.
Pendant la guerre :
 
En 1942, les troupes allemandes d’occupation, prennent possession du Mas Magny. Ils y camouflèrent à flanc de falaise, une batterie de canons pointés vers la mer, dans l’éventualité d’un débarquement allié sur la côte.
 
06.

Mas Rousset

Ce sont les grands-parents de Mme Olive-Rousset qui ont acheté le mas dit de Magny en 1937-1938 (ils n’ont jamais vécu ici mais à Villelongue de la Salanque), comme cadeau de mariage à ses parents.
Les parents de Mme Rousset, présents donc pendant la guerre, ont subi au Mas l’occupation (QG des allemands).
Madame Monique Rousset a habité le mas de 1947 (date de sa naissance) à 1984 chez ses parents (1). Ils étaient aussi propriétaires d’une maison rue du Vallespir à Villelongue, ou Madame Rousset mère, a vécu une grande partie de sa vie.
A l’époque de ses parents, tout le plateau était cultivé en vigne, même de l’autre côté de la double-voie jusqu’au Correc de les Lloberes (la propriété comptait à l’époque 44 hectares de terrain).  Sur le plateau les vignes s’étendaient jusqu’au Crématorium. Au niveau des agrumes on cultivait du muscat (Mme Rousset appelait cette partie la ‘vigne du renard’).
Dans la Salanque on cultivait des fruitiers et des légumes (des ouvriers travaillaient ici à temps plein et possédaient leur propre potager).
Les parents et grands parents de Madame Rousset étaient des vignerons. Le raisin était pressé dans la cave dont on peut encore voir l’emplacement et une partie du pressoir, le vin était alors stocké dans les grandes cuves de la cave. Mr Bourdouille de Rivesaltes venait chaque année acheter le vin en vrac, car il n’y avait pas de mise en bouteille au mas. En échange, la première cuve sur la gauche en rentrant, contenait du vin rouge qu’on tirait à la pompe.
La maman de Mme Rousset est morte en 1983, le Mas a été vendu dans l’année qui a suivi, c’est donc en 1984, qu’il devint la propriété de la ville de Canet, il prit alors le nom de ‘Mas Roussillon’. Le papa serait décédé en 1999.
Le mas coté Eucalyptus
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Mas Roussillon

Centre Catalan d'Etudes pour l'Agronomie Méditerranéenne et l'Environnement

Une fois acheté, la commune de Canet-en-Roussillon  songea à plusieurs projets d’utilisation. Du temps de Monsieur Coupet,  Maire à cette époque, l’idée d’une future ‘Technopole’ appelée ‘Latitude 42’ semblait riche de promesses et d’avenir. Puis la réalisation d’un grand hôtel, comme le montre l’image jointe semblait séduire d’autres personnes. Aucun de ces projets n’a vu le jour.

Parmi les nombreux projets envisagés, celui de faire de ce lieu un patrimoine à conserver a été privilégié.

 

De 1991 à aujourd’hui

De par sa situation géographique, son étendue et la qualité de l’architecture du Mas, le site du Mas Roussillon présente un potentiel de développement important. En effet, durant la période estivale, plus de 100 000 vacanciers  résident à Canet. L’ouverture du parc agro-botanique offre donc de réelles perspectives. De plus, de nouveaux projets se concrétisent chaque année et permettent d’inscrire le jardin  dans une politique concertée de développement local. Ce dernier offre un véritable patrimoine naturel et culturel à notre région.

A ce jour, deux grandes périodes ont marqué l’existence du CCEAME.

1991, année de la création du CCEAME.

1991 à 2004

Plusieurs projets ont vu le jour mais n’ont pas perdurés. A titre d’exemple, la culture de plantes aromatiques ou plantes à parfum (lavande et jasmin), avaient obtenu un support financier pour l’étude et la recherche des arômes et parfums. Ces travaux n’ont à long terme débouché sur aucun résultat.

De même, la Chambre d’agriculture souhaitait participer à la plantation d’un verger expérimental sur le domaine, mais sans succès. C’est aussi pendant cette période que les collections de figuiers et de bambous avaient été plantées et sont d’ailleurs toujours présentes. Si la collection de figuiers reste bien entretenue, la collection de bambous, compte tenu du caractère traçant de ce groupe de plantes, a fini par voir les espèces les plus vigoureuses envahir les autres. Un projet est aujourd’hui à l’étude pour redonner la place à chaque espèce et à l’identifier par une signalétique individuelle comme toutes les autres plantes de l’arboretum. Sur le plateau, à la même époque, un certain nombre d’arbres ont été introduits. Regrettons simplement que ces arbres et arbustes n’aient pas bénéficié d’une présentation paysagère autre qu’un alignement au carré.

2004

Une deuxième ère commence. Celle-ci s’avère beaucoup plus riche. En conservant ce qui avait été fait, l’accent sur la botanique devenait une priorité. Le respect d’un cahier des charges propre à tous les jardins botaniques permet de faire de ce lieu un  véritable Arboretum. Pour cela plusieurs défis devaient être relevés :

Déterminer les végétaux présents sur le site, l’identification du vivant planté à ce jour, la création d’un fichier ou d’une banque de données informatisées et la mise en place d’une signalétique digne d’un jardin scientifique.

Créer une banque de données nous permet de savoir  tout sur chaque plante introduite : son identité, sa provenance, sa date d’introduction, son emplacement sur le terrain et un maximum d’informations sur l’espèce.

Appliquer les normes internationales de la nomenclature botanique pour l’étiquetage complet et durable. A ce jour plusieurs centaines d’étiquettes ont été posées, l’ensemble représentant un travail important et un investissement conséquent. Sans participer à une visite guidée, le visiteur peut ainsi lire et découvrir  l’essentiel des informations sur les plantes de l’Arboretum.

Une fois ces bases établies, nous avons commencé à introduire de nouveaux végétaux en recherchant des plantes de collection, des plantes rares en culture, qui présentent pour le public un intérêt géographique, floral, alimentaire, pharmaceutique, industriel ou autre. Bien sûr ces végétaux ne proviennent pas de jardineries voisines, mais de pépinières spécialisées réputées ainsi que d’autres Conservatoires. L’introduction de ces plantes a permis de réaliser des collections thématiques.

Cette deuxième période a vu:

  • la réalisation d’un jardin de plantes xérophytes,
  • d’une banque de données,
  • la mise en place de toutes les variétés de cépages cultivés dans le Roussillon,
  • la réalisation d’une éco-construction,
  • la mise en place d’une pièce d’eau de 600 mètres carrés,
  • la détermination et révision des variétés de figuiers et des oliviers,
  • la protection des végétaux contre tous les prédateurs,
  • l’introduction d’une collection de palmiers etc.

La surface du site est de 14 hectares dont 11 en collections et comporte deux biotopes : une plaine alluviale et un plateau argilo-calcaire.

L’ensemble situé à 5km de la mer et des étangs.

Plus qu’un Arboretum, c’est un lieu d’exception, un endroit unique et précieux sur la commune de Canet en Roussillon, où plusieurs arbres centenaires, remarquables datant de la création du Mas ont trouvé refuge.

Ce balcon géographiquement exceptionnel au-dessus de la plaine de la Salanque accueille depuis quelques années un véritable conservatoire de plantes rares.

Les orientations de l’arboretum sont les suivantes :

  • Scientifique,
  • Ecologique, conservation de la biodiversité végétale,
  • Pédagogique,
  • Touristique, développement d’un tourisme d’arrière-plage.