La collection d’oliviers

reconnue "Collection Nationale des oliviers des Pyrénées-Orientales"

label décernée par le CCVS

(Conservatoire des Collections végétales Spécialisées)

 

Les oliviers sont cultivés dans ce département depuis l’antiquité. La grande particularité des Pyrénées Orientales repose sur sa diversité géographique. On trouve des cultures d’oliviers du littoral jusque dans les vallées du Piémont, du Canigou et du Conflent.
Cette richesse de milieux très différents a permis à nos anciens, au cours des siècles de créer ou sélectionner des formes, des clones mieux adaptés à chaque biotope. Parfois à moins de 10 kilomètres il était possible de rencontrer 3 variétés d’oliviers ! Le Roussillon est certainement le territoire le plus riche en variétés d’oliviers.
Malgré un passé glorieux et une présence importante, la culture de l’olivier fut un temps un peu négligée. Il est vrai que certains grands froids sont venus décourager les paysans. Les conseillers agricoles au cours du XXème siècle ont beaucoup favorisé la culture de la vigne et des abricotiers dans le Roussillon, aux dépens des oliviers.
Heureusement les oliviers sont capables de vivre plusieurs siècles et de se régénérer après certains grands froids. Aujourd’hui, les oliviers et leur huile d’olive bénéficient d’un effet de mode. Beaucoup de passionnés cherchent à relever le flambeau.
Malheureusement ces nouveaux oléiculteurs, plus ou moins originaires des Pyrénées orientales, plantent des variétés modernes, mal adaptées aux vallées, aux “restanques” arides et aux grands froids que nous aurons assurément.

D’autre part, il est vraiment dommage de négliger les caractéristiques organoleptiques et les arômes spécifiques de l’huile d’olive, en cultivant des variétés communes souvent très productives mais peu parfumées. Les huiles d’olive sont comme les vins, toutes très différentes ; nous en faisons la preuve chaque année en pressant individuellement nos variétés de collection.

variétés cultivées

Il était de notre devoir de rassembler un maximum de vieux cultivars, sélectionnés par nos prédécesseurs. Ces oliviers ont survécu souvent dans des parcelles aujourd’hui incultes.

Il existe plus d’une centaine d’autres cultivars dans le bassin méditerranéen mais l’arboretum de Canet en Roussillon s’est concentré uniquement sur les vielles variétés des Pyrénées Orientales.

La collection représente aujourd’hui près de 250 arbres en 31 variétés et clones appartenant toutes à l’espèce ‘Olea europea’.  Pratiquement tout ce qui a été retrouvé dans le Roussillon est en culture dans l’arboretum.

Quelques variétés cultivées à l’arboretum : Aglandau’, ‘Arbequines’, ‘Argoudeil’, ‘Bouteillan’,  ‘Cayon’, ‘Cornicabra’, ‘Courbeil’, ‘Glory’, ‘Lucques’, ‘Negrette’, ‘Noire de l’Agly’, ‘Olivière’, ‘Pitcholine’, ‘Poumal 109’, ‘Poumal 110’, ‘Redouneil’, ‘Rivemine’, ‘Verdale  de Millas’, ‘Verdale de l’Hérault’.

Notons la présence d’une curiosité : L’Olive Blanche’.  Originaire d’Italie centrale, l’olivier à fruits blancs (Olea leucocarpa) est une variété très ancienne et rare en collection qui produit une olive blanche ivoire tout à fait originale ! En Italie et notamment en Toscane, les olives blanches étaient traditionnellement utilisées pour les huiles de sacrements.

La cueillette des olives s’effectue chaque année vers le mois de novembre, et donne l’occasion de retrouver une partie des membres bénévoles qui viennent participer à ces journées chaleureuses. Nous emmenons ensuite nos olives au moulin de Cases-de-Pène  en faisant presser individuellement les variétés les plus spécifiques.

Après un mois de repos pour respecter le temps de décantation, L’huile obtenue est alors conditionnée en bouteille par le ‘Centre d’aide par le travail’ de Bompas (règles sanitaires obligent).

Pour les olives de bouche, avant d’être conditionnées en bocaux, elles sont amenées chez un oléiculteur qualifié qui pratique la désamérisation (les olives vertes n’étant pas mures, elles ont un goût amer  impropre à la consommation). Elles sont ensuite conservées dans une saumure. Chaque année à ce jour nous obtenons une huile ‘Vierge Extra’, ‘Pressée à froid’, portant le Label : ‘Produits Sud de France’.

Chaque début année, nous vendons nos nouvelles récoltes : huile d’olive, olives de bouche et autres produits dérivés des olives. Le résultat de la vente de ces récoltes permet à l’Association qui gère l’arboretum, d’investir en matériel et d’acheter des nouvelles plantes pour les collections.

Sauvetage de quatre oliviers multicentenaires

Dans le contexte de la définition première de l’arboretum, nous avons l’obligation de sauvegarder et protéger la nature ; de conserver ces arbres prestigieux, d’âge plus que respectable, mais surtout de préserver le patrimoine des Pyrénées orientales et la mémoire de notre passé.

Origine de ces quatre oliviers : 

Ces quatre oliviers proviennent de l’oliveraie : Olivette Roca,  de la commune de Millas. Rappelons ici que le canton de Millas est un des berceaux de la culture de l’olive aux siècles passés. 

Cette oliveraie qui comptait plus de 300 arbres, tous âgés de deux à trois cent ans.  Pour des raisons personnelles de culture, le propriétaire n’étant pas oléiculteur, souhaitait une reconversion de culture fruitière.

Ces quatre oliviers situés en périphérie de l’oliveraie, se démarquaient par leur beauté et port.

Age de ces arbres : 

Nous pouvons estimer l’âge de ces arbres avec certitude en fonction de deux critères, les successions notariales de la parcelle et l’examen fait par deux éminents spécialistes de l’olivier, estimant l’âge entre 400 et 450 ans. 

Ils ont donc connu la monarchie, l’empire, la révolution, mais sous des régimes espagnols, les Pyrénées orientales n’étant pas rattachées à la France.

Particularités de ces arbres :

 Tout d’abord, ils sont malgré leur âge, en parfaite santé, la transplantation semble même leur avoir donné une nouvelle jeunesse.

Pendant des décennies, Ils sont été les géniteurs de milliers d’oliviers multipliés par les oléiculteurs et les pépiniéristes locaux.

 

                        

Transplantation, transport et replantation : 

Après étude de l’opération et mures réflexions, ce travail n’était pas réalisable par nos soins, même avec le concours du matériel municipal.

L’arrachage à Millas a demandé l’intervention sur place d’une grosse pelle mécanique, pouvant déplacer 5 à 6 tonnes (poids évalué pour un arbre avec sa motte).

Les dimensions et le poids des  arbres correspondaient à un  convoi exceptionnel  nécessitant l’emploi d’un porte char.

Que ce soit dans l’oliveraie à Millas, pour les mettre sur le camion, ou à l’arboretum pour les déposer dans les trous, il a fallu un engin susceptible de soulever plus de 5 tonnes  en bout de flèche, pour chaque arbre.

 Le convoi représentait une charge totale de 25 à 30 tonnes. Au passage sous le pont Joffre à Perpignan, les branches rabattues sont passées moins de 20 centimètres de la voute.               Les opérations de d’arrachage et de levage ont été réalisées par le pépiniériste de Toulouges et par une grosse pépinière catalane.

Valeur des arbres : 

Il est très difficile d’évaluer un prix pour des oliviers de 400 à 500 ans, car il n’y a jamais de marché de cet ordre. Dans certaines pépinières un olivier de 100 ans peut valoir de 5 à 8000 euros (non planté).  On peut donc estimer que la valeur de chacun de ces quatre arbres multi centenaires est de l’ordre de 5 fois ce chiffre ! 

Valeur historique : 

Même si ces arbres ont une valeur monétaire, ils ont avant tout une valeur historique incontestable, faisant d’eux un véritable patrimoine pour l’arboretum, la ville de Canet  aussi pour la région.

Il aurait été dommage de voir ces arbres partir dans une commune, un village, pour être planté dans un carrefour, un rondpoint, avec tous les risques de modification liés à l’urbanisation.

A l’arboretum ils ont mille fois plus de chances de pouvoir continuer à vivre, peut-être encore quelques centaines d’années…